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31/01/2011

Commentaire de Bernard POIGNANT

 

je me permets de placer ici la lettre de Bernard POIGNANT à propos de sa carte de voeux. C'est une réponse à  un certain nombre de commentaires, dont le mien, c'est aussi une explication de son choix et une manière de l'assumer.

31 janvier 2011

Voeux 2011

Faut-il donner un sens à une carte de voeux ? A titre personnel, chacun souhaite à l’autre une bonne année, une bonne santé et la réussite dans tous ses projets. Rien de plus normal, voire de plus banal. Faut-il aller plus loin et transmettre un message lié à ses engagements, à ses convictions, à son actualité ? Plusieurs le font. C’est mon cas depuis 1986 comme député et comme maire, ou les deux à la fois. Je travaille avec Alain Le Quernec, graphiste quimpérois de renom international. Nous le discutons, nous hésitons, nous retenons un thème et parfois nous en changeons en cours de réflexion. Il m’en suggère ou je l’impose d’entrée de jeu. C’est pour moi un moment de liberté et de création à ses côtés. Je n’aime pas la vie politique faite de fadeurs. Je l’aime avec des couleurs vives.

Cette année, la carte 2011, c’est d’abord une photo, un instantané saisi par une photographe amateur, le 13 juillet 2010 en fin d’après-midi à l’occasion du défilé à Quimper pour la Fête Nationale. Quand j’en ai pris connaissance, j’y ai vu un résumé de France : un résistant, un ancien déporté, qui a risqué sa vie au nom de la devise « liberté, égalité, fraternité » ; un enfant de 3 ans, Français par adoption, venant d’une de nos anciennes colonies, brandissant deux petits drapeaux tricolores, symboles de notre République. Il s’est rapproché de cet ancien combattant de 90 ans, attiré par ses médailles épinglées sur sa poitrine. Voilà l’origine du cliché : rien n’a été prévu ; personne n’a posé ; la photographe n’a pas recommencé trente six fois. Il a suffi d’un « clic » pour fixer ce bel instant. Pourquoi l’avoir retenu comme illustration d’une carte de voeux ? Je n’ai pas tout aimé dans l’année 2010, notamment les dérapages du premier semestre à propos du débat sur l’identité nationale. Non pas que ce débat était sans intérêt mais les conditions de son lancement et de son déroulement, les outrances de langage qu’il a libérées, les arrière-pensées qu’il véhiculait m’ont déplu. Au second semestre, il y a eu l’affaire des « Rom » et son retentissement international. Là encore je

n’approuve pas les occupations illégales de propriétés, qu’elles soient publiques ou privées. Mais le côté « bouc-émissaire » m’a heurté. La France n’en est pas sortie grandie. Voilà pourquoi cette rencontre de deux personnes, de deux générations, de deux origines, de deux histoires non seulement m’a ému mais m’a plu. Je l’ai accompagnée d’un texte simple : « A l’occasion de la Fête Nationale à Quimper, un petit Finistérien de 3 ans rencontre un résistant et ancien déporté de 90 ans. L’un porte ses médailles qui rappellent ses combats, l’autre le drapeau tricolore qui unit notre nation et incarne la République. Tous deux sont la France que j’aime. » Evidemment les affiches apposées en ville ne pouvaient pas comporter tout ce texte. Il est résumé en trois mots : « Ensemble, tout simplement. » Mais il faut croire que ce n’est pas si simple. Beaucoup de personnes ont réagi avec sympathie et me l’ont fait savoir par écrit et oralement. Ce n’est pas elles qui me retiennent dans ce commentaire. Car il y a eu d’autres réactions. Je les résume en deux catégories : il y a celles qui n’aiment pas la présence d’un noir et celles qui n’aiment pas la présence du drapeau français. J’ai reçu une lettre me félicitant de la présence d’un résistant mais regrettant qu’il côtoie un « charmant négrillon ». Le rédacteur me rappelle par une citation d’auteur que la France est « avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne ». Sans doute oublie-t-il qu’on peut être noir et français, et noir et chrétien. C’est en tous cas ce que voulaient les missionnaires…chrétiens. Il ajoute que les « populations allogènes ne sont pas appelées à remplacer les indigènes de ce pays », le nôtre. L’expression m’a rappelé ce qu’écrivait Charles Maurras avant la guerre dans son quotidien « L’Action française ». Il se voulait théoricien du nationalisme intégral et se montrait inquiet du « délabrement de la population, anémiée par l’athéisme, affaiblie par la dénatalité, corrompue moralement et désaccordée par l’afflux des allogènes… ». Quelques autres courriers me soupçonnent de vouloir faire disparaître le peuple français pour le remplacer par des « noirs importés d’Afrique ». Je suis donc accusé de « mélange ethnique », de

« racisme anti-blanc », de vouloir faire « crever les enfants blancs », de prôner le « métissage » contre « l’enracinement », de vouloir « faire venir les haïtiens à Quimper » ! La suite devient logique, comme dans les années 1930, ou la fin du XIXème siècle avec l’affaire Dreyfus : c’est une « provocation judéo-maçonnique ». Les Juifs veulent mêler les races et détruire la pureté de chacune ! Ils sont dans les loges maçonniques pour concevoir ce projet ! Il y a donc un complot entre les uns et les autres. Les Juifs doivent donc disparaître physiquement, ce qui fut fait pour beaucoup ; les francs-maçons doivent être interdits et dénoncés, le régime de Vichy s’en est chargé. Tout cela me vaut d’être montré du doigt comme membre du « cercle sioniste Léon Blum » et de la « pieuvre judéo-maçonnique ». La seconde catégorie de réactions concerne l’hostilité à la présence du drapeau français. Il aurait fallu le drapeau breton, pourquoi pas ? Le drapeau européen aussi mais personne ne l’a demandé. Il faudrait alors la présence systématique du drapeau tricolore quand il y a le drapeau gwen a du. Dans certains milieux ce n’est pas toujours le cas. Et puis ce n’était ni l’objet, ni le sujet. La guerre des drapeaux n’a pas de sens. Quelqu’un m’a ainsi dit : « Je n’aime pas les oripeaux de la France ». C’est une méconnaissance de l’histoire de ce symbole. C’est lui que des hommes et des femmes brandissaient sur les barricades de la liberté. Il ne faut surtout pas en laisser le monopole aux formations extrémistes. La France, la République, la devise, l’hymne national, le drapeau, la Fête Nationale, c’est à nous tous. Nul n’ignore que la France n’a pas une histoire parfaite et sans reproches. Elle a ses zones d’ombre, ses heures noires. Mais depuis deux siècles quand des Français s’écartaient des valeurs de notre pays, d’autres Français se levaient pour s’opposer à eux et leur résister. Toujours il y avait le drapeau tricolore. Cette modeste photo, cette simple carte de voeux auront donc rempli leur rôle. C’est un encouragement à persévérer. Une bonne année ne peut pas être une année pâle, incolore, inodore.

Commentaires

"Cette modeste photo, cette simple carte de voeux auront donc rempli leur rôle. C’est un encouragement à persévérer."

Il n'est donc pas nécessaire de trouver des bâtons, B.Poignant se charge de les amener lui-même pour se faire battre...

Écrit par : Reunig Kozh | 03/02/2011

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