24/02/2016
Une démarche suicidaire.
J’ai toujours considéré que lorsque les conditions étaient réunies, il valait mieux faire parti des exécutifs pour agir, que de regarder passer les trains. De ce point de vue, je pense que la sortie du gouvernement de Cécile Duflot et de Pascal Canfin était une erreur. Soit EELV considérait que François Hollande ne pouvait rien apporter à la gauche et à l’écologie et alors il ne fallait effectivement pas y aller, soit le point de vue était autre et il fallait y rester, garder sa liberté de parole jusqu'à se faire « virer » si le premier Ministre ne pouvait plus supporter la nuance. Ségolène Royale, dont je ne suis pas fan, s’en tire très bien dans ce registre. Mais aujourd’hui cette entrée en catimini d’Emmanuelle Cosse et à un moindre effet de Vincent Placé rend la crédibilité d’EELV très aléatoire.
Vincent Placé n’a jamais caché sa prétention de devenir Ministre et ceci quelques soient les circonstances. On peut même imaginer qu’il n‘aurait pas refusé une place dans un gouvernement de droite tant son appétit de reconnaissance est sur dimensionné. . Mais Emmanuelle Cosse …que va-t-elle faire dans cette galère ?
Tout le monde de gauche s’accorde à dire que le gouvernement Valls se droitise de plus en plus. Les écologistes le constatent tous les jours sur le terrain, la déchéance de nationalité, Notre Dame des Landes, le code du travail… pour ne citer que les têtes de chapitres. Le parti politique EELV n’a donné aucun signe officiel de vouloir participer à ce naufrage de la gauche. Et voilà que notre Secrétaire Nationale lève son p’tit doigt pour dire « moi je veux bien monter dans ce bateau qui coule.. ». Nous sommes là au degré zéro de la politique. Une décision de la Secrétaire nationale (qui doit sa place aux votes des militants) engage bien évidemment tout le parti politique. Le fait qu’elle se soit mise en congé du parti quelques heures avant sa nomination n’y change rien.
Comble de la maladresse, ou du mauvais goût, elle reprend un ministère abandonné par Cécile Duflot. Sa marge de manœuvre est donc nulle. L’on ne conservera de cet avatar que l’image des écologistes qui prône fort justement une manière de faire la politique autrement et dont les responsables font exactement l’inverse.
Il n'est même pas certain que ce "débauchage" soit un plus pour François Hollande. Car plus il s'enfonce dans les sondages et plus il apparait comme un "roublard" prêt a tous les coups tordus pour conserver son poste. Certes, Mitterrand faisait de même... mais n'est pas Mitterrand qui veut.
L’écologie est devenue une impérieuse nécessité et tous les citoyens de la planète le reconnaissent aujourd'hui. Le parti qui la représente a tout intérêt à sortir de ces errements stratégiques et à prendre un peu de hauteur s’il veut garder la confiance nécessaire pour agir efficacement. Ne nous trompons pas, pour Europe Ecologie Les Verts il s'agit vraiment d'un tournant qui comporte un risque réel de disparition.
14:41 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Je connais Barbara Pompili mais pas Jean-Vincent Placé ni Emmanuelle Cosse. Il faut dire que je connais mal EELV, ce groupuscule écolo.....
Écrit par : René | 24/02/2016
dernier sondage 2017 / Les Echos 24.02.16
1er tour:
Juppé 30, Le Pen 27, Hollande 16,5, Mélenchon 10, Bayrou 8,5, Duflot 2,5...
C'est plus qu'une probabilité
En tous cas le mot groupuscule est juste...
Et je ne comprends toujours pas pourquoi certains s'obstinent à croire que l'écologie à un avenir politique.
L'écologie, comme les valeurs morales, comme les religions, est une composante essentielle des préoccupations des hommes, et particulièrement dans une démocratie comme la nôtre. Mais vouloir en faire un parti politique, qui cherche à s'associer au pouvoir, est exactement comme vouloir créer un parti musulman, ou religieux quel qu'il soit, un parti de la moralité, ou autre parti qui veut imposer sa façon de penser à l'ensemble de la société. Pour moi, c'est contraire aux libertés individuelles, et en tous cas au moins contraire à l'idée que je me fais de la démocratie, de la laïcité, et des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité. Ce genre de partis finissent toujours, lorsqu'ils sont au pouvoir par créer leurs "polices" pour imposer leurs idées par la contrainte. Ils le font toujours avec le sentiment d'agir pour le bien de l'humanité, mais toujours aussi au détriment des libertés, et particulièrement au détriment de la liberté de penser, même si ce n'est que simplement en montrant du doigt le mauvais "élève". Et dans ce domaine, les écologistes n'ont rien à envier à certains partis religieux de certains états.
Bref, je me demande si le titre de "démarche suicidaire" de cet article est approprié, tant je crois que l'écologie politique est déjà morte.(en dehors des cadres qui cherchent encore à se recaser)
Que l'écologie politique ne trouve que 2 à 3% d'adeptes dans les sondages est la preuve de ce que je pense. Dans un pays déboussolé, où droite et gauche ne veulent plus rien dire, où les politiques rivalisent de roublardise pour être élus, où plus personne ne peut croire aux promesses quelles qu'elles soient, l'écologie pourrait être un refuge des vraies valeurs et capitaliser sur les mécontentements. Eh bien non, il n'y a pas plus de 2 à 3 % des gens à en attendre un espoir. C'est bien la preuve que l'écologie politique est morte. N'en déplaise à ceux qui s'y accrochent désespérément.
Écrit par : erwan | 26/02/2016
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