06/05/2011
Retour de la loi du Talion?
Mardi matin, dans la presse, « l’Amérique exulte.. » L’ennemi public numéro 1 « Oussama Ben Laden » vient d’être abattu en pleine ville d’Abbottābād, à moins de 100km d’Islamabad. Obama intervient en direct et apres un troublant "justice est faite" pour qui n'est pas américain, , donne les premiers détails de l’opération commando qui, au nez et à la barbe de l’armée pakistanaise (quel camouflet !) vient de « libérer le monde… » Un grand succès pour l’Amérique qui s’estime ainsi vengée de l’horrible attentat du 11 septembre.
Ce même jour, page 7 du télégramme: Un sexagénaire de Marseille tire et abat un jeune adolescent de 15 ans qui tentait de s’introduire par effraction dans un commerce de la ville. La police intervient pour éviter le lynchage du tireur.
Quel rapport entre ces deux évènements me direz vous… aucun, à priori, les fait sont tellement disproportionnés. Du moins les faits qui ont amenés à ces deux exécutions. Car il s’agit bien d’exécutions. Il ne s’agit pas de juger à ce niveau de qui mérite la mort ou pas (pour ma part je ne donne aucune justification à la peine de mort) mais simplement de poser les circonstances qui peuvent amener à neutraliser quelqu’un en le tuant, sciemment. En droit on appelle cela, la légitime défense, c'est-à-dire, que je suis autorisé à tuer si et seulement si ma propre vie est en danger. Visiblement l’adolescent ne menaçait en rien la vie du tireur, la légitime défense ne peut donc être invoquée. Sans connaitre les détails de la mort de Ben Laden, il semble que celui-ci n’était pas armé. Une balle en pleine tête sans autre forme de procès... difficile d’évoquer la légitime défense.
Je ne sais pas s’il y avait d’autres solutions, peut être pas... Je dis simplement qu’au titre des droits de l’homme, chaque individu, et ceci quelques soient les crimes commis a droit à un jugement.
C’est un principe, et je pense que c’est sur ce type de principe que se construit une société de droit et devoir. Quand au plus au sommet de l’Etat, l’exemple est donné que l’on peut déroger à ce principe, il devient délicat ensuite de justifier auprès du "sexagénaire marseillais" qu' il ne peut lui, se faire justice.
Encore un fois, je ne porte pas de jugement sur le fait. Sachant à l'évidence que Ben Laden aurait été un prisonnier ô combien encombrant, mais je m’interroge au nom des principes.
En tous les cas, je ne peux cacher mon malaise devant cette liesse et ces louanges qui saluent un fait, qui au delà de la question de la légitimité, ne peut être qualifié de glorieux.
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