25/05/2011
Et la tendresse bordel !
En préambule je prends toutes les précautions quand à la présomption d’innocence de l’un et la présomption de sincérité de l’autre, voilà c’est dit.
Imaginons simplement que les tâches de sperme sur le chemisier et je ne sais quoi d’autre soient vraies et je me dis : quelle image de l’amour peuvent recevoir les ados collés à la télé ou à internet ?
Je me dis également : quelle image de l’engagement politique auront-ils à l’aube de cette élection présidentielle ? Mais ceci est une autre histoire.
Pour revenir à l’amour, sujet passionnant qui fait écrire, rêver et pas seulement les jeunes filles, je crois que les femmes qui ont manifesté à Paris ce week end contre les propos machistes ont eu raison. Trop souvent, et ce fut le cas la semaine passée, la blague salace tient lieu d’étendard aux hommes qui n’en finissent pas de considérer l’amour comme une performance dans laquelle, ils seraient bien entendu excellents.
Sur France inter un matin, je ne sais plus quel responsable versait sa larme de compassion sur le sort des femmes battues, outragées et une femme lui a répondu, « Monsieur, seules les femmes peuvent en parler car elles sont les seules à subir dans l’intimité, souvent du lit conjugal, le comportement du mâle dominateur » Evidemment, aucun d’entre nous ne s’est senti visé. C’est pourtant une bonne occasion de nous poser la question : à quel moment le désir a-t-il cédé la place au besoin, à quel moment le séducteur s’est il métamorphosé en prédateur ? Bien entendu, il y a des degrés et tout ceci peut se jouer sans une violence physique apparente, juste quelques mots, un petit chantage au quotidien en somme.
Alors, la femme parce que physiquement moins forte, est-elle condamnée éternellement à subir ? Je vous l’avoue, je ne suis pas très optimiste quant à la réponse.
1968 nous avait ouvert les yeux, Gainsbourg a chanté 69 comme l'année érotique libérée des prisons morales et depuis… les femmes ont certes gagné du terrain au niveau du droit, mais c'est moins certain du point de vue du statut dans la société et paradoxalement dans l’intimité du couple. Il n'y a qu'à voir a quel point les conflits actuels pratiquent systématiquement le viol comme outil de domination. Quant à l’Affaire en cours, les déclarations au jour le jour nous éclairent chaque fois un peu plus sur des pratiques, semble-t-il, trop courantes dans les lieux de pouvoir et de décisions.
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17/05/2011
La roche Tarpéienne est proche du Capitole.
Sans spéculer sur la culpabilité ou l’innocence de DSK * ce qui, à cette heure me parait ahurissant, c’est la journée qu’il vient de passer. Imaginez cet homme à qui tout semblait sourire hier encore et qui aujourd’hui ressort menotté, humilié, d’un commissariat de police de Harlem. Je l’ai imaginé assis sur une simple chaise de bois, lui qui venait de passer la nuit dans une suite à 3000 dollars au SOFITEL. Accablé, il a dû longuement méditer cette maxime des romains de l’antiquité qui disaient que la roche Tarpéienne était proche du Capitole. La roche Tarpéienne était le lieu des exécutions capitales et le Capitole l’endroit du pouvoir.
Le pouvoir est incontestablement une drogue. Il a des vertus euphorisantes qui sans doute amènent ceux qui le possèdent à sortir de la réalité. Croire que tout est possible, que tout est permis, devient réellement pathologique. Les exemples en la matière sont multiples et ceux qui pensaient que ces comportements étaient l’apanage d’une droite bling bling, italienne ou française en sont pour leurs frais.
Qu’une personnalité politique de premier plan, soit séductrice me parait une évidence. C’est la forme même de la relation aux électeurs qui le veut. La séduction consiste cependant à se montrer sous son meilleur aspect pour convaincre. La contrainte, elle, confine à l’abus de pouvoir et là il ne s’agit plus de séduction mais bien de domination. S’il s’avérait que DSK, dont les talents de séducteurs sont bien appréciés, (les sondages sont là pour le prouver), avait franchi le Rubicon qui chemine entre séduction et domination, alors la curée ne ferait que commencer et rien ne lui serait pardonné.
Pour l’heure et avant que la machine judiciaire des procureurs, des avocats, pour qui au-delà de la vérité, c’est la victoire qui compte, ne se mette en route, je ne peux m'empêcher de penser, sans sympathie particulière (mais avec une sainte horreur) à la curée qu’il va devoir subir, à l'homme qui, coupable ou innocent, vient de voir s’écrouler un pan entier de ce qui faisait sa vie.
Mon propos n'est ni injuste ni inéquitable, ma compassion première va à cette femme qui bénéficie elle aussi de la présomption de sincérité.
* http://www.maitre-eolas.fr/post/2009/01/21/1290-pour-en-finir-avec-la-presomption-d-innocence
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10/05/2011
« Quelque chose a changé … »
Le 10 mai 1981, c'est avant tout la victoire d'un homme, François Mitterrand lors d'un scrutin qu'il a toujours combattu, jusqu'au jour où il lui a souri, dans un même élan une victoire de la gauche aux législatives qui ont suivi. Nous sortions de 30 années de droite très marquées par de Gaulle et un immense traumatisme laissé par l’enterrement, sans fleurs ni couronnes, de nos espoirs soixante-huitards. Avec le recul, Giscard fait figure de simple passant dans le tableau.
Ce dimanche 10 mai, un énorme espoir naît et parcourt le pays. La tête de Mitterrand apparaît à la télé, celles d’Elkabbach de Moujotte paraissent défaites.
Le résultat d'une lutte exemplaire
J’étais à Plogoff et depuis 17 heures nous savions, par une fuite savamment organisée que c’en était terminé du projet de centrale nucléaire. Mitterrand l’avait dit « si je suis élu, la centrale de Plogoff ne fera pas partie de mon programme électronucléaire… » Promesse très mitterrandienne, qui en substance laissait entendre, à qui voulait bien écouter, que le programme électronucléaire allait se poursuivre, mais sans Plogoff et pour nous c’était bien là l’essentiel. La formidable fête qui a suivi cette annonce restera gravée à jamais dans ma mémoire. Le lendemain matin, au travers des brumes matinales qui encombraient lourdement mes pensées, le plaisir de bisquer ceux de mes collègues qui, effondrés, attendaient le coup de « penbaz » que les rouges allaient rapidement asséner aux tenants de l’enseignement privé. La fête a duré toute la semaine et je vous l’assure, elle était bien belle. Tout paraissait maintenant possible et ils allaient voir ce qu’ils allaient voir, ceux de l’ancien régime. Paul Quilès du haut de la tribune ne posait pas la question de savoir si les têtes allaient tomber, il demandait simplement les noms.
La force des symboles
Rapidement, très rapidement, une voix s’élève, celle de Robert Badinter qui réclame et obtient l’abolition de la peine de mort. Le symbole est fort, l’homme en gardera l’estime du peuple de gauche.
Deux ans plus tard, la fameuse réforme "pour un service public unifié de l’éducation " sombrait avec son instigateur Alain Savary. Au nom des principes, des valeurs, je crois que c’est à ce moment que j’ai ressenti une grande déception.
Je ne suis pas un déçu du 10 mai, je crois simplement que nous n’avons pas été assez exigeants et que nous avons laissé s’installer la "gauche caviar", mais de cela je vous en reparlerai prochainement.
23:59 | Lien permanent | Commentaires (1)