27/05/2014
l'Europe à la croisée des chemins. .
C'est un véritable choc que nous avons vécu dimanche soir à l'annonce des résultats des élections européennes. Les médias nous annonçaient depuis un moment ce raz de marée FN... mais de voir les résultats s'afficher, c'est encore une autre histoire. 25 % des électeurs ont choisi de donner leur voix au FN. La France fer, de lance de l'humanisme, Patrie de Victor Hugo, d’Émile Zola de Jean Jaurès d'Albert Camus.... pays des droits de l'homme, devient ainsi la première grande nation à mettre en tête des candidats d'extrême droite lors d'une élection nationale. Certains diront « Marine Le Pen ce n'est pas son père... que le FN a beaucoup évolué... » certes mais ne nous trompons pas, au delà de la posture ouvertement opposée à l'Europe, ce sont aussi des idées nauséabondes qui rampent. A moins de 5 % ces idées sont dangereuses mais restent confinées au folklore à 25 %, elles s'installent et vont déferler dans les institutions, sur la place publique, dans les médias, au café du commerce.
Comment en est on arrivé là ?
C'est la question que tous les responsables mais aussi que tous les citoyens doivent se poser. Les affaires qui jettent le discrédit sur la classe politique dans son ensemble, bien évidemment. Et de ce point de vue il semble que la gauche installée fasse jeu égal avec la droite. Le manque d'explications sur ce qu'est réellement l'Europe, certainement. Surtout qu'il est devenu de bon ton de dire, dès que quelque chose va de travers « c'est la faute à l'Europe... » mais au delà de ces raisons, qu'avec un peu de volonté nous pouvons combattre, il y a globalement et durablement installé un sentiment d'impuissance devant un pays dont la grandeur semble s'étioler. En réalité et il faut l'admettre si nous ne voulons pas nous enfermer dans la spirale de l' autisme, nous n'avons plus les moyens de notre train de vie. La droite, les socialistes, et à ce titre le discours du Président de la République était pathétique, en appellent à une chimérique croissance de la consommation pour créer de l'emploi.C'est une fausse route. Nous consommons déjà de trop par rapport à l'équilibre de la planète et il n'y aura pas de reprise économique durable par la consommation. Les trente glorieuses qui nous laissent aujourd'hui la gueule de bois sont terminées. Nous avons exploité nos colonies, c'est terminé. Le capitalisme patronal ou financier a maintenu la classe ouvrière en état de servage, c'est terminé. Ce qui se profile devant nous c'est l'émergence, parfois en forme de revanche, des pays qui se développent.
Alors que faire devant un tel diagnostic ?
D'abord prendre du temps. Ne pas se précipiter dans les ouvertures des marchés concurrentiels. Entre le repli protectionniste et le libéralisme à tout crin, il y a les palettes d'une économie "contrôlée". En effet, la libre concurrence des marchés entre pays n'a de sens que si les règles sociales et environnementales correspondent. Il appartient à l'Europe de définir des zones « iso-sociales » (sensiblement de même niveau social) ou le marché pourrait être complètement ouvert et des passerelles entre zones différentes. le déficit social entre les différentes zones serait compensé par une taxation qui viendrait en aide au développement social et environnemental. Le niveau de ces taxations étant régulièrement revues en fonction des évolutions du pays.
Il est par contre complètement inutile et irresponsable de faire miroiter une croissance de la consommation dans l'ouest de l'Europe pour créer des emplois. Nous devrons, dans un premier temps, faire avec cet équilibre entre nos ressources et ce que nous considérons comme nos besoins pour envisager à court terme une modération de nos consommations. Plus des trois quarts des pays de la planète vivent aujourd'hui une consommation 5 à 10 fois inférieure à la notre. Il est absurde de croire que l'équilibre se fera à notre niveau. La planète ne le supporterait pas. A nous d'évoluer pour mieux organiser le partage. A nous de changer nos repères et d'orienter nos satisfactions vers les nouvelles richesses immatérielles que vont devenir le temps les relations, la solidarité. Pour reprendre un terme à la mode, il faut maintenant changer de logiciel. C'est le rôle des responsables politiques de proposer ces nouvelles perspectives. Electoralement ce n'est pas gratifiant car le temps du changement est beaucoup plus long que le temps du mandat. C'est pourtant là, toute la grandeur de l'action politique.
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