22/07/2015
Reconnaitre le statut de paysan.
Oui les agriculteurs souffrent et il est indispensable de trouver des solutions rapides pour leur venir en aide. L'embargo sur la Russie , la situation économique de la Grèce sont des facteurs qui pèsent aujourd'hui fortement en engorgeant les marchés par une surproduction qui bien entendu profite à la grande distribution et aux transformeurs mais pas aux producteurs.
Mais au delà de ces aléats de conjoncture, il est important de se poser la question qui me semble essentielle à ce jour à savoir de quel type d'agriculture avons nous besoin, quelles sont les missions que nous lui confions et quels sont les moyens que la société en général est prète à mettre en œuvre pour cela.
Les agriculteurs s'expriment majoritairement aujourd'hui en disant: "nous voulons être rétribués par le prix de nos produits". C'est la définition de l'ultra libéralisme mais à ce jeu la Bretagne et les producteurs bretons sont forcément perdant. Parce que l'on produira moins cher le lait dans d'immenses fermes en Pologne et moins chère la carcasse de porc dans des usines à viande qui pratiquent le dumping social. Accepter de se soumettre à la loi du marché c'est accepter les concentrations. C'est accepter la disparition de la plupart des exploitations familiales.
Il y a bien entendu une autre voie, c'est celle du contrat. Si la société souhaite conserver un monde rural actif qui fait vivre nos campagnes, alors elle doit en accepter le coût. Q'une part essentielle de la rétribution de l'agriculteur soit constituée du prix de vente de ses produits soit mais qu'une autre part lui soit allouée pour le travail qu'il fait pour entretenir et faire vivre nos campagnes me semble parfaitement équitable. C'est le sens du contrat : "je produis et je respecte et valorise l'environnement alors la société le reconnait".
La loi d'orientation agricole de 1999 faisait la promotion de ces Contrats territoriaux d'Exploitation (CTE) qui justement prenaient en compte cette réalité à laquelle nous ici en France nous tenons. C'était contraire aux orientations ultra libérales de l'Europe et ils ont été supprimés. La France a aujourd'hui une spécificité à faire valoir auprès de l'Europe, c'est celle d'une France rurale parsemée d'exploitations familiales et non pas d'usines à viande ou d'usines à lait.
Une fois la crise conjoncturelle, qu'ils vivent aujourd'hui, passée les agriculteurs devront se mobiliser pour faire reconnaître ce statut de paysan, respectueux de l'environnement et qui contient toute la noblesse du mot "pays" justifiant la participation de la société en général.
15:15 | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
Ce que dit Daniel peut sembler intéressant, mais n'apporte aucune solution concrète, et se base sur l' "idéologie" écolo qui combat le mode d'agriculture libérale. Le Bio je suis pour et consommateur occasionnellement, mais c'est cher et réservé à une minorité souvent "bobo-écolo" qui a les moyens de se vanter de défendre la planète, et de bien manger. Le consommateur smicard n'a pas le choix. Ce que demandent les agriculteurs, c'est un revenu de leur travail, et dans le système dans lequel nous vivons, il n'y a pas 36 solutions. Il faut diminuer les marges des transformateurs et des distributeurs qui sont souvent excessives, et inconnues du public. Pour cela il faut une vraie volonté politique, et ne pas se contenter de parler d'environnement comme le fait Daniel, ou parler de report de charges comme le fait le gouvernement.
Donnez un revenu aux paysans et ils seront les premiers à contribuer à préserver notre environnement. Parler du rôle de défenseurs de l'environnement à des agriculteurs qui sont au bout du rouleau, qui sont à la ruine, qui pour certains se suicident, qui ne demandent qu'à vendre leurs produits autrement qu'à perte, est irresponsable, irréaliste, idéologique et écolo-egocentrique.
Ils demandent simplement de gagner leur vie avec leur travail. Ils ne veulent ni "aides", ni leçon d'écologie.
Qu'ils soient rémunérés, en réduisant les marges excessives des intermédiaires et distributeurs, et nos campagnes auront les meilleurs défenseurs de l'environnement, et les meilleurs producteurs de produits de qualité.
L'obstacle majeur reste le monde de la finance, des industriels et de la grande distribution que personne ne semble vouloir contrarier.
Écrit par : erwan | 22/07/2015
Autour de Quimper, il y avait de belles zones potentiellement exploitables pour être mise en culture et développer une agriculture de proximité.
Que s'est-il passé sous le mandat de M. Poignant dont M. Le Bigot était son adjoint ?
Ces zones ont été livrées à l'appétit de la grande distribution et de leurs financiers.
L'emploi semble être une motivation. Mais le Leroy-Merlin n'est pas encore ouvert que déjà une enseigne de bricolage fermait, laissant une friche en centre-ville et une dizaine de salariés de plus de 50 ans sur le carreau. Le recrutement de Leroy-Merlin se fera, on le devine, en interne et à l'échelle nationale.
Ces zones ne sont seulement toxiques sur le plan économique puisque les bénéfices sont ventilés à l'échelle du groupe et non pas réinvestis ou dépensés au niveau local. Il n'est pas garanti que cet argent qui fuit le territoire revienne sous forme de dotations de l'Etat.
Ces zones sont aussi dangereuses puisqu'elle contribuent à l'artificialisation des sols et sont une menace directe pour le centre-ville en cas d'inondations.
Favoriser la grande distribution comme ce fut le cas à Quimper ces dernières années, c'est favoriser l'agriculture industrielle. Ce modèle économique, par soucis d'économie d'échelle et pour conserver la maîtrise des négociations commerciales, ne souhaite multiplier ses fournisseurs.
Tout le monde le sait, la grande distribution détruit plus d'emplois qu'elle n'en crée. Et un petit commerçant, un petit artisan c'est aussi un emploi.
Écrit par : Louis | 23/07/2015
Ce que dit Louis est vrai. Pour chaque emploi créé en grande surface, c'est plus d'un emploi supprimé dans le commerce traditionnel. A chaque nouvelle ouverture de zone commerciale on a entendu les élus quimpérois se vanter ces dernières années des emplois créés, mais jamais un mot pour les chômeurs induits, ni les difficultés engendrées pour les petits commerces existants. Dès qu'on évoquait les difficultés des gérants et employés de ces petits commerces, les élus parlaient de "poujadisme" ou d'intérêts particuliers ou corporatistes.
Écrit par : erwan | 23/07/2015
Un peu d'histoire pour se rappeler que le leader des paysans bretons qui mena des révoltes dans les années 60 fut Alexis Gourvennec qui créa l'un des plus gros élevages porcins français
Les manifestants d'aujourd'hui ne cherchent qu'à réitérer. Il y aura des concentrations après les liquidations tel est le credo de l'économie libérale dans laquelle nous vivons et que la majorité de la classe politique de droite et de gauche soutient ainsi que les paysans qui brûlent les hyper...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexis_Gourvennec
Écrit par : René | 23/07/2015
Il est facile de critiquer les "concentrations", il est plus difficile de vivre de l'élevage, quel que soit la manière. Que "Réunig" essaie de se lancer dans un élevage petit format, respectueux de l'environnement, en entretenant de manière écologique l'environnement, en nourrissant de manière écologique ses bêtes, et on verra s'il arrive à dégager un salaire de son travail. Demander à l'état de faire des éleveurs des "fonctionnaires" subventionnés est irréalistes dans ces temps de disette budgétaire, et irrespectueux envers les agriculteurs-éleveurs, qui ont la fierté de ceux qui veulent gagner leur vie avec leur travail et non avec des "aides".
Écrit par : erwan | 24/07/2015
erratum:
"quelle que soit la manière" et non "quel que soit la manière"
"irréaliste" et non "irréalistes"
...il faut toujours se relire lorsqu'on écrit rapidement.
______________
On vient d'accorder 4 centimes sur le litre de lait aux agriculteurs, soit 34 centimes le litre, alors qu'il est vendu entre 1 et 2 euros le litre selon les conditionnements en moyenne dans les grandes surfaces.
Qui fait le travail ? Qui élève les bêtes, qui les trait, les soigne, qui fournit la matière première avec les pieds dans la boue et des nuits très courtes ? Je trouve choquant que ce produit de base dans notre vie quotidienne rapporte infiniment plus aux intermédiaires qu'aux producteurs. Le problème est là. Le transformateur qui met ce produit dans ses chaînes de conditionnement gagne plus que celui qui se tue au travail pour la matière première. Le distributeur qui met la pression sur le producteur pour diminuer le prix, gagne plus que le producteur, et se permet de passer sur les chaînes de télé comme le défenseur du pouvoir d'achat des consommateurs.
Pourquoi ne pas faire une loi (une de plus) pour limiter la marge des transformateurs et distributeurs ?
Les incantations de notre Président et de ses ministres vont se perdre dans l'immensité du mépris de ceux qui représentent le profit et le capital. (complicité ?) Et quelques (dizaines de) milliers d'exploitations vont disparaître dans l'indifférence générale, ne laissant que les très grosses "concentrations" subsister.
Reunig pourra continuer à fustiger le capital encore longtemps.
Écrit par : erwan | 24/07/2015
@erwan il est dommage que comme à votre habitude vous passez sous silence les réflexions pertinentes de Daniel.
Si vous me lisez sur votre ordinateur fabriqué en Chine assis sur une chaise ou un canapé de même provenance habillé (sans doute) par les mêmes chinois.
il y aura toujours des pays qui produiront quelque article ou produit à moins cher que chez nous.
Les bobos comme vous et moi qui faisons nos courses aux halles sont une minorité les smicards pour reprendre votre terme vont chez lidl ou nettoyage dans les zones commerciales loin du centre ville qui vous nous est si cher et des fois ils y vont même en bus faute de véhicule.
Le modèle agricole ou et je vous rejoint le producteur est lié au transformateur est à repenser.
Le problème est que si vous ou moi pouvons faire face à une hausse du prix il n en va pas de même du smicard voire du retraité.
Écrit par : philig | 27/07/2015
bonjour Philig
Je ne passe pas sous silence les réflexions pertinentes de Daniel.
Dans son constat de départ, ok, c'est la réalité. Mais sa solution, c'est le "contrat" avec l'état qui rétribuerait les "paysans" pour faire de l'entretien écologique de nos campagnes. Toujours la marotte de ceux qui veulent assujettir la population, en en faisant des "fonctionnaires", et qui veulent tout réglementer, tout contrôler. Ce serait faire de ces travailleurs indépendants et libres, des "fonctionnaires" tributaires d'un pouvoir central jacobin. Je ne suis pas sûr que c'est ce qu'ils souhaitent. Ils sont déjà tributaires d'aides de Bruxelles, alors qu'ils ne demandent qu'à être de vrais travailleurs indépendants qui sont reconnus pour leur travail, pour leurs productions, en restant libres. Ils adorent leur environnement, et n'ont pas besoin de leçon d'écologie pour l'entretenir; simplement un prix correct pour leurs produits.
Je trouve que la table ronde qui été organisée par Ludovic Jolivet, malgré les dégâts qu'on a vécu à Quimper, entre des élus de tous bords et les agriculteurs-éleveurs est un bon moyen de dépasser les préjugés des uns et des autres pour trouver des solutions concrètes.
Plutôt que de vouloir assister les "paysans" comme le souhaite Daniel, et comme le fait le gouvernement, je pencherais plutôt pour imposer aux transformateurs et distributeurs de réduire leurs marges, sans augmenter les prix à la consommation.
Mais cela suppose que le gouvernement aie le courage politique de mettre en pratique la promesse électorale du Président : "mon ennemi c'est la finance". J'ai bien peur que ce courage ne lui manque.
Pour le reste je suis d'accord avec vous Philig.
Écrit par : erwan | 28/07/2015
"Imposer aux uns et laisser libres les autres..."
Vous avez dit bizarre comme c'est bizarre
Écrit par : René | 31/07/2015
Eh oui René, lorsque les autres sont les travailleurs de la terre, et lorsque les uns sont des grands groupes du CAC 40 , qui accumulent les profits au détriment de ceux qui font l'essentiel du travail, je suis pour réglementer les marges. Il n'y a rien de bizarre là dedans. Il s'agit simplement de défendre les paysans de l'appétit sans limite du capital qui les étrangle. C'est juste un peu de bon sens. Si vous êtes pour la liberté totale des industriels et distributeurs, vous êtes pour l'ultra libéralisme, ... ce qui m'étonnerait de votre part.
Écrit par : erwan | 31/07/2015
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