13/08/2007
Mayotte l'Eldorado.
Une trentaine de noyés cette semaine, une quarantaine il y a 3 semaines. Et c'est ainsi toute l'année.
C'est le triste sort de ces candidats à l'immigration vers de Mayotte. Cette fois ci on en parle dans la presse, souvent c'est le silence.
Sur l'île de Mayotte, la police mène de plus en plus de rafles (et que l'on ne vienne pas me dire que le mot est excessif). C'est le cas sur le marché de Mamoudzou. Un coup de sifflet et tous les clandestins s'envolent comme des moineaux, laissant en vrac la table, le tabouret et les quelques bananes prévues pour assurer la survie de la journée. Et c'est presque tous les jours pareil.
Dans une foret au sud de l'île, ayant perdu notre chemin nous sommes récemment tombés sur un groupe de clandestins qui se cachaient . Ils nous ont expliqué que tous les soirs ils dorment au village mais que dès le levé du jour, ils s'en vont sur les sentiers, se nourissant de noix de coco, pour échapper aux CRS.
Qu'est donc qui pousse ainsi ces milliers d'hommes et de femmes à quitter les Comores ou Anjouan sur leurs fragile "kwassa-kwassa" laissant sur place la famille, leurs racines pour tenter cette périlleuse aventure.
Sans doute l'espérance d'une vie meilleure, l'espoir de gagner ainsi la métropole et ses mirages. Pour certaines, tout simplement l'espoir de mettre au monde en terre française un petit bébé qui bénéficiera ainsi d'une chance de pouvoir un jour être Français. Non pas que le fait de devenir Français soit un but en soi. Mais cette carte de nationalité leur donnera ainsi la possibilité de gagner en toute légalité l'Europe. Le rêve.
En attendant ils sont des milliers à vivre chichement dans les bidonvilles de Khoungou, sans eau, sans argent ou si peu. Côtoyant les "oreilles" qui bien souvent les ignorent et les Maorais qui pour une partie estiment que ces immigrés puisent une partie de la richesse de l'île et sont donc des concurrents directes dans la course au niveau de vie.
Mayotte, l'Eldorado a certainement un goût amer pour beaucoup d'entre eux, mais visiblement moins que la vie sur place car à peine expulsés, leur premier souci est de retrouver une embarcation, un passeur pour tenter une fois de plus, et à prix d'or, le dangereux voyage. Ils sont des centaines a périr tous les ans, ils sont des dizaine de milliers à vivoter sur l'ile avec la crainte permanente d'être arrêtés par la PAF.
Notre attention est plutôt attirée par le Maroc et le sud de l’Espagne, à qui nous faisons facilement la morale. La tragédie de ce jour doit nous rappelle que si l'île de Mayotte est notre porte avion avancé dans le canal du Mozambique, elle est aussi notre vitrine, véritable miroir aux alouettes pour un continent affamé
23:15 Publié dans societe | Lien permanent | Commentaires (1)
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Écrit par : Gwen | 21/08/2007
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