15/12/2013
Utiles les bonnets rouges ???
Alors les bonnets rouges sont ils d’affreux chouans nationalistes, les poujadistes des temps modernes, ou l’avant-garde éclairée de la révolution à venir…. En fait c’est la composition même de ce mouvement aux formes mal définies qui autorise chacun à porter son jugement péremptoire. La presse nationale, bien pensante diront certains, tire à boulets …rouges, sur ce phénomène qu’elle ne comprend pas et qu’elle regarde de haut (voir le Charly hebdo de la semaine). La presse locale porte, elle, haut et fort le mouvement. Sans doute y voit-elle un peu son reflet. On y trouve de tout, du bon et du moins bon. Ce qui est certain c’est que ces bonnets rouges interrogent la France entière. Pas une réunion, à la capitale ou ailleurs, ou dès que vous annoncez que vous êtes Bretons, on vous demande, le sourire aux lèvres « alors et le bonnet ? ». Je plains le père Noël qui cette année va devoir expliquer que le sien (de bonnet) date de bien avant 2013.
Un autre point sur lequel nous pouvons tous nous accorder, c’est que Christian Troadec est un magicien de la communication. En un mois il a fait venir toutes les TV, les radios dans son fief de Carhaix. Et comme à chaque fois il est présenté en tant que fondateur des Vieilles Charrues. Sûr qu’il y aura du monde cet été à Kerampuil.
Il y a dans ce mouvement une bonne dose de confusion. Sans utiliser la formule définitive de Mélenchon, « les esclaves ont défilé avec leurs maitres », force est de reconnaitre que l’alliance de FO et des dirigeants de l’agroalimentaire à de quoi surprendre. Et que dire de l’appel du NPA accolé à celui de la FDSEA. En fait, c’est un peu comme à « l’auberge espagnole », chacun y vient avec son menu et repart content du repas.
Au delà des revendications classiques et parfaitement contradictoires, trop d’impôts, trop de TVA, trop d’administration, d’un côté et pas assez de services publiques, pas assez d’aides financières, de l’autre, il y a aussi l’expression d’une forte volonté de vivre,de travailler mais aussi de pouvoir décider au pays. Cette volonté prend des formes d’expression très différentes, parfois un peu tapageuses, sans doute brouillonnes mais le Président de la République pourrait trouver intérêt à les entendre. Pas pour y répondre comme à un ultimatum avant midi mais afin de s’en inspirer pour une troisième étape de la décentralisation.
Les dirigeants de l’agroalimentaire risquent d’ailleurs être surpris et dépassés par le diable qu’ils ont fabriqué et sorti de sa boite. La revendication légitime d’être associés aux décisions va aussi s’imposer à eux qui jusqu’ici ont agi en souverains.
Plus de capacité à agir pour la région c’est aussi plus de réactivité devant les urgences. C’est aussi, je l’espère, une meilleure prise en compte de nos diversités. L’autonomie n’est pas l’indépendance mais bien une capacité, dans le cadre de la République, à expérimenter des solutions innovantes qui peuvent avoir du sens ici et pas forcément dans une autre région, et inversement. L’Europe propose cette avancée du fédéralisme. La France marquée par son histoire jacobine a toujours eu beaucoup de mal à s’engagerdans ce domaine. Le mouvement des « bonnets rouges » peut faire bouger les lignes pour une plus grande décentralisation. Il aura alors été utile.
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