23/06/2014
Comment une bonne idée peut tourner en fiasco!
Exit « l’éco taxe » et bonjour « le péage de transit ». Alors c’est quoi l’évolution ?.. Pour aller vite près de la moitié des recettes en moins (500 millions), une Bretagne frondeuse épargnée et une armée de pompiers pour tenter d’éteindre un énorme fiasco politico-médiatique.
Quels enseignements pouvons-nous tirer de cette reculade gouvernementale ?
Le premier, c’est que nous ne disposerons pas rapidement des sommes nécessaires à une évolution du transport des marchandises vers des moyens plus respectueux de nos ressources que ne l’est actuellement le transport routier. De ce point de vue le lobby des camionneurs a gagné une bataille contre les tenants du ferroutage ou des moyens plus écologiques de transporter les marchandises.
Le deuxième et non des moindres, c’est que la mobilisation paie. Les bonnets rouges en tirant sur tout ce qui bouge ont su fédérer au bon moment une armée de « pas contents » et ont ainsi fait paniquer un gouvernement qui depuis un moment a perdu sa boussole. C’est vrai que les Bretons ont fait fort en brûlant les portiques, brisant les radars : résultat pas de voies payante en Bretagne ou alors à la marge. Les Alsaciens, qui rêvaient de cette taxe pour alléger la D468 actuellement lourdement chargée par les camions qui évitent ainsi la taxe allemande, doivent regretter de ne pas avoir eux aussi incendier le matériel public. Toujours est-il que la leçon bretonne sera entendue et que refleuriront les bonnets de couleur à chaque décision impopulaire ou jugée comme telle.
Que fallait-il faire, rester camper sur une position qui était devenue intenable ou céder. Eternel dilemme du responsable devant décider. Objectivement dans la situation ou il s’est mis, le gouvernement ne pouvait que reculer sous peine de maintenir une mobilisation et un désordre permanent. Il le fait à moitié, ce qui ne lui garantit pas le succès de la manœuvre mais il le fait et peut ainsi espérer reprendre la main sur d’autres dossiers importants.
Cette éco-taxe, du début à la fin, c’est « comment une bonne idée peut se transformer en fiasco total ». Faire payer ceux qui dégradent les routes réalisées avec l’argent public, quoi de plus naturel. Encore faut-il que la mesure soit expliquée tant dans son esprit que dans les modalités de son application. Ici, rien, une société « ecomouv » dont il est difficile de louer la transparence, pose des portiques, véritables chiffons rouges aux regards des bretons dans un contexte difficile avec de fortes interrogations sur l’avenir de l’agro-alimentaire et il n’en fallait pas plus pour que prenne la mayonnaise. Pour que cette taxe soit admise, il aurait fallu dire clairement à quoi elle allait servir. Il aurait fallu d’abord expliquer que l’entretien des routes incombe aussi aux transporteurs qui les utilisent uniquement pour du transit international. Que les déplacements intempestifs de marchandises vers des lieux de transformation ou la main d’œuvre est moins exigeante qu’ici produisent des dégâts sur nos infrastructures. Mais le débat n’a pas eu lieu à tel point que les députés de manière quasi unanime ont à l’époque voté son application. Depuis ce vote, les choses ont changées. Le discours comme quoi le niveau des taxes et devenu insupportable est repris même par des responsables de gauche. On ne parle plus, même chez les élus de gauche de solidarité ou de répartitions mais bien de charges. La taxe, l’impôt, la cotisation deviennent de vilains mots à bannir. C’est le triomphe de l’individualisme et la défaite du collectif. Le symbole est fort, « chacun son camion » opposé au « un train pour tous ».
Le gouvernement n’a, malgré tout, pas totalement abandonné le projet, revu à minima il reste presque 50% de l’idée initiale. Il y a la une ressource pour la mise en place d’un autre politique de transport. Le principe étant admis, il lui restera, s’il en a la volonté, à faire évoluer les taux de cette taxe pour arriver au bout du compte aux recettes escomptées.
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