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21/12/2016

Ne pas faire leur jeu !

 Michelle Serres (philosophe)

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Beaucoup d'émotion.

             Horreur, à Berlin cette fois-ci. En plein marché de Noel et les commentaires vont bon train « c’est noël, un symbole de la chrétienté qui est frappé.. » C'était le 14 juillet à Nice « un symbole de la république » et demain ce sera peut-être un concert, un match de foot « un symbole de nos loisirs.. » En fait, ceux qui frappent le font là où il y a du monde. Ils ne sont vraisemblablement pas à un symbole près. Les Islamistes ont revendiqué l’attentat mais qu’en sait-on véritablement. Aux abois en Irak en Syrie, ils revendiquent tout ce qui de près ou de loin sème la terreur, ne serait-ce que pour prouver leur existence. Faut-il dès lors, au vu de ces attentats bien réels et de la légitime émotion qu'ils suscite et  quels qu’en soient leurs instigateurs, céder à la panique et réclamer comme le fait la droite extrême, des mesures de sécurité renforcées. Jusqu’ici les Allemands restaient relativement sereins mais Angela Merkel saura-t-elle résister à ses faucons qui critiquent, avant de connaitre l’identité de l’assassin, les mesures clémentes en faveur des immigrés. Rien n’est moins sûr. Si c’était le cas, après avoir perdu la branche la plus à droite de la CDU, justement à cause des « mesures clémentes » elle risquerait de perdre les plus tolérants qui ont approuvé sa politique en faveur des immigrés.

 Savoir garder sa raison.
          La France fouille les sacs à l’entrée des lieux de rassemblement, fait rouler les épaules à ses militaires sur les lieux publics. Y a-t-il pour autant plus de sécurité? Un terroriste aura toujours l’avantage sur la sécurité. Il décide du lieu et de l’heure. A part le renseignement, il est difficile d’imaginer un rempart contre ces assassins. En fait, cette présence rassure tout simplement les populations et permet de dire « on fait quelque chose de visible ».
           Michel Serres battait en brèche ce soir l’idée répendue comme quoi le monde sombrait dans la folie. Il faisait remarquer que ce monde n’avait jamais connu une aussi longue période de paix que depuis ces dernières 70 années. Il disait aussi que si depuis le 11 septembre le nombre de victimes soldats ou civils occidentaux s’élève à 14000, le seul embargo sur l’Irak en a fait mourir plus de 100000. C’est vrai que les images que nous recevons tous les jours agissent comme des coups de matraque répétitifs mais la réalité statistique est tout autre. Une raison pour le philosophe d’être optimiste.
 
les extrémistes récupèrent  la misère .
           En fait, et même si c’est sordide de le dire il faut bien l’avouer, les zones d’influence territoriales des grandes puissances à l’échelle du monde sont relativement stabilisées. Les conflits armés cèdent maintenant la place aux enjeux économiques. Ce qui se passe en Syrie à Alep est atroce, nous sommes pourtant loin des 20 millions de victimes de la première guerre mondiale ou des 60 de la deuxième. Alors effectivement avec Michel Serre, on peut dire que d’un point de vue quantitatif les choses s’améliorent mais on pouvait également espérer que cet état de paix, que nous connaissons en occident, profite à l’ensemble de la planète. Or ceci est moins sûr et le déséquilibre entre les richesses des uns et des autres alimente une autre forme de rancœur sur laquelle surfent les religions. Le terrorisme étant l’arme des pauvres qui n’ont rien à perdre, la peur étant la faiblesse des nantis qui eux ont tout à perdre, il est à craindre que l’ambiance qui règne en ce moment en arrive à détruire ce qui fait notre humanité, à savoir, l’envie de vivre ensemble.

 

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