10/09/2013
L'impôt comme outil de justice sociale.
Chaque responsable politique y va de son couplet ces jours ci : « le temps est venu de faire une pause fiscale » (François Hollande). Pierre Moscovici, promet lui "que la hausse de 0,3% pour 2014 sera la dernière". Bernard Cazeneuve enfonce le clou, « je serai le Ministre de l’économie et non pas le Ministre des impôts ».
Ces discours sont étonnants pour des hommes de gauche. Ils constituent même une rupture idéologique. L’impôt doit être un outil de justice sociale dans la mesure où il demande plus à ceux qui ont plus de revenus pour financer des services et des équipements publics au service de tous. Ce n’est donc pas l’impôt qu’il faut rejeter mais la forme de son prélèvement, ressenti souvent comme une profonde injustice. Il n’est de secret pour personne qu’en France la fraude fiscale, tout au moins les petits arrangements avec la déclaration, sont devenus un sport national. Il ne s’agit d’ailleurs généralement pas d'un délit, la loi est suffisament généreuse avec ceux qui possèdent. Les conseillers fiscaux dont le travail consiste à réduire la charge d’imposition de leurs clients ont pignon sur rue et pratiquent un métier somme tout honorable.
En fait il existe de multiples moyens pour ceux qui gagnent beaucoup d’argent d’en verser peu à l’Etat. Les niches fiscales, les dégrèvements divers et variés permettent en toute légalité à certains d’échapper à l’impôt. Pour réconcilier la Nation et les citoyens avec cette contribution au bien de tous, il faut que celle-ci soit juste et reconnue comme telle. La solution d' une retenue à la source permettra une meilleure lisibilité. Encore que celle-ci ne concernera en pratique que les salariés. Le prélèvement du type CSG qui concerne tous les revenus et non pas le statut du contribuable est également souhaitable. De la même manière toutes les incitations à investir ou à embaucher sous forme de défiscalisation répondent à la logique du « on ne prête qu’aux riches ». Si l’Etat veut soutenir une activité, (le bâtiment ou autre,) il a tout intérêt à le faire sous forme de primes plutôt que sous forme de réductions d’impôts qui n’avantagent que ceux qui en paient.
Ce n’est donc pas l’impôt qu’il faut combattre ou critiquer mais bien l’injustice fiscale qui découle de son prélèvement actuel et prôner une véritable réforme de la fiscalité, voire de toutes les fiscalités.
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03/09/2013
Ne pas punir mais, protéger le peuple syrien.
Il ne fait pas de doute et d’ailleurs Bachar al Assad le nie à peine, que Damas a bien utilisé des armes chimiques pour terroriser sa population cette nuit du 21 août. Plus de 1 200 personnes sont ainsi mortes dans d’atroces souffrances. Il faut remonter aux pires moments de la guerre 14/18 pour retrouver l’utilisation massive de ces fameux gaz moutarde ou gaz sarin.
La communauté internationale se divise sur ce qu’il faut maintenant faire. Après avoir prôné la fermeté,Barack Obama effectue un prudentrepli stratégique mettant François Hollande dans une position délicate. L’un et l’autre, pour différentes raisons, vont chercher à convaincre leur classe politique du bien-fondé d’une intervention armée. En fait, il semble bien que ce soit la ferme mise en garde de Poutine qui freine les ardeurs des deux Présidents. La Syriene pèse pas bien lourd d’un point de vue militaire mais fâcher la Russie risque d’être autrement plus dangereux Alors on joue la montre, ou plutôt on se donne le temps d’agir diplomatiquement avant toute intervention.
Il me semble que B Obama comme F Hollande posent mal la problématique. On les entend dire, « il faut punir Bachar.. ». Si c’était le cas, il faudrait se saisir de l’homme et alors effectivement il pourrait être jugé et puni. Visiblement personne n’y pense, la punition n’est donc pas pour demain et d’ailleurs, c’est à son peuple que Bachar devra rendre des comptes et c’est ce peuple qui sera un jour amené à le juger. Non le rôle de la communauté internationale n’est pas de punir le bourreau mais bien de l’empêcher d’agir comme il le fait depuis des années et surtout depuis3 ans. Une intervention militaire n’a donc de sens que si elle cloue au sol l’aviation syrienne, que si elle immobilise l’artillerie syrienne, que si elle permet de détruire les stocks de gaz toxiques.
Si ces objectifs sont ceux d’une intervention des USA, de la France, alors oui, il faut la faireet le plus vite possible pour ne pas laisser croireà Bachar qu’il a gagné sur l’opinion internationale et qu’il peut impunément assassiner son peuple.
Il restera que quelle que soit l'issue du conflit en Syrie, la situation générale du Moyen Orient ne gagnera rien en termes de stabilité. l'Arabie Saoudite (sunnite) et l'Iran (chiite) continueront à se livrer, par pays interposés, une guerre impitoyable au nom d'un différent dans l'héritage du prophète. La seule issue durable se trouve dans la "dé-religionnalisation" des pouvoirs et l'avènement de démocraties laïques.
Le risque d'une intervention armée est donc réel de précipiter la chute d'Assad et de livrer le pays aux Sunnites. Ne rien faire, c'est aussi accepter de reconnaître notre impuissance devant ces odieux massacres, c'est accepter que la barbarie fasse la loi au nez de l'ONU au nom d'intérêts d'un autre temps. François Hollande est aujourd'hui confronté à ce cruel dilemme et le débat à l'assemblée nationale, fût-il indispensable, n'y changera rien. La décision lui appartient et l'histoire l'en rendra de toute manière, comptable.
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