08/11/2013
(reprise)Edito de Thomas le Grand.. France Inter:l’écotaxe est menacée…
Oui et pour s’en convaincre il suffisait d’écouter les explications alambiquées de Jean-Yves Le Drian, hier à ce micro quand on lui demandait d’évoquer l’avenir de l’écotaxe. Et c’est un beau gâchis parce que le principe de l’écotaxe a un intérêt économique reconnu maintenant à droite comme à gauche. Et pourtant sa « suspension » va, au mieux retarder pour longtemps sa mise en place et au pire la tuer dans l’œuf. La droite et la gauche s’accusent mutuellement d’être responsable de sa disgrâce. La majorité explique que le système de prélèvements mis en place par le gouvernement précédent, avec l’entreprise Ecomouv est trop complexe et trop coûteuse, trop douteuse. A droite, on explique que la boulimie fiscale actuelle a rendu indigeste ce prélèvement de plus. Pourtant cette taxe aurait beaucoup d’avantages. Ce n’est pas de la fiscalité supplémentaire puisque ça devait alimenter les caisses des régions pour améliorer des infrastructures. Des dépenses qui auraient été financées, de toute façon, par l’impôt.
La fiscalité écologique est surtout un outil de la transition énergétique.
Oui, d’ailleurs, quand Nicolas Sarkozy avait fait voter le principe de la taxe carbone, il avait utilisé des mots forts pour faire prendre conscience que c’était l’amorce d’une nouvelle logique. Il avait comparé cette mesure, pour son impact politique et économique, à l’abolition de l’esclavage. L’analogie avait fait sourire d’autant que la taxe carbone fut retoquée par le Conseil constitutionnel et que le Président avait fini par concéder, devant des agriculteurs excédés, en mars 2010, que « l’écologie, ça commence à bien faire ». Trop de mots péremptoires et contradictoires du côté de Nicolas Sarkozy… Pas assez de mots percutants du côté de François Hollande… On commence à connaître ce schéma. Aujourd’hui pour sauver l’écotaxe il faudrait trouver des arguments puissants et un peu enthousiasmants. C’est vrai, prétendre enthousiasmer pour une taxe est aussi compliqué que faire sauter de joie ses enfants à l’idée d’aller chez le dentiste… Et puis il y a les difficultés techniques… Comment prélever sans trop pénaliser les agriculteurs, sans épargner la grande distribution, en rééquilibrant le poids entre chargeurs et transporteurs ? D’autres pays y sont arrivés et plusieurs régions, comme l’Alsace, la réclament à grand cri ! Bien sûr la Bretagne la refuse mais le modèle économique d’une partie de la Bretagne agro-alimentaire, productiviste, hyper subventionnée, énergivore, détruisait l’environnement est aujourd’hui aussi une catastrophe économique et sociale. Si le débat politique était rationnel, ça devrait faire avancer l’idée qu’écologie et économie, ce n’est pas forcément antinomique. Si le débat politique était rationnel…
22:31 | Lien permanent | Commentaires (2)
03/11/2013
[vidéo] Carhaix
22:25 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (7)
02/11/2013
Je serai a Carhaix....
Je serai à Carhaix ce samedi pour partager avec les salariés de l’agro alimentaire breton leur crainte, leur angoisse et pour mettre les vrais responsables en face de leurs responsabilités. Les milliers d’emplois supprimés dans notre région, signifient pour tous ces salariés sacrifiés le début d’une période d’incertitude, la peur du chômage qui dure.
Non je ne serai pas à Quimper aux cotés des dirigeants ultra libéraux, qui hier n’avaient que le mot « économie de marché » au bout des lèvres, et qui aujourd’hui responsables de cette situation de désespoir en appellent à l’Etat pour sauver l’outil qu’ils ont eux même cassé. Nous ne vivons pas une crise passagère qui avec un petit coup de pouce des institutions, trouverait elle-même ses solutions. Nous sommes en face de la mutation indispensable d’un modèle qui ne tourne plus parce qu’il est confronté à une concurrence internationale et un dumping social impitoyable. Les poulets produits et congelés en Bretagne à 1,6 euros le kg étaient essentiellement consommés au Proche-Orient. Les Brésiliens font le même produit, bas de gamme pour 1,3 euros et il y aura demain d’autres pays ou l’on fera travailler les esclaves enfants, adultes pour un poulet à moins de 1 euro le kg.
Ces dirigeants, épaulés par un syndicalisme agricole majoritairement dévoué au productivisme trompent leurs salariés. Ils utilisent l’éco taxe comme une diversion, les pneus enflammés et les lacrymos en écran de fumée. Comme si leurs usines avaient attendu cette taxe pour fermer.
Le modèle de production de masse à bas prix a vécu il faut en inventer un autre. Les Bretons ont de la ressource. Ils savent faire de la qualité et produire de la valeur ajoutée. Ce qu’il leur faut ce sont des responsables lucides et clairvoyants. Ce qu’il leur faut c’est un gouvernement responsable qui s’investit pour un nouveau modèle agricole respectueux des produits, de l’environnement, des hommes et des femmes qui le font vivre et qui cesse de plier devant les lobbys qui n’ont de priorités que leurs intérêts financiers.
La Bretagne a certes besoin de tous ses bras, de toutes ses énergies pour se sortir de la situation économique tendue qu’elle connait aujourd’hui. Elle a aussi besoin de considération, besoin qu’on lui fasse confiance. Elle ne trouvera pas ses réponses dans un repli identitaire mais bien dans l’ouverture au monde qu’elle a su pratiquer tout au long de son histoire. L’Europe est une chance pour la Bretagne. Quimper, Rennes, Paris, Bruxelles sont des capitales qui chacune à son niveau doit permettre et favoriser l’initiative.
Je serai à Carhaix samedi mais pas un arbre, pas un banc public de la ville ne se souviendra douloureusement de mon passage.
08:20 | Lien permanent | Commentaires (12)