05/04/2006
Bonne nouvelle!
Qui a gagné, qui a perdu ? Je ne sais pas s’il y a un gagnant, un perdant, du moins si on s’élève un peu au dessus de la mêlée UMP. Car là, il parait évident que Sarko tire son épingle pendant que Villepin rame pour tenter de faire croire qu’il lui reste un peu de pouvoir.
Au-delà de ces guéguerres intestines, la démocratie institutionnelle s’en sort avec la gueule de bois. Une loi promulguée mais dont la promulgation s’accompagne d’une note disant en clair « à ne pas utiliser » Avouez qu’il y de quoi s’y perdre. Par contre du coté de la démocratie de terrain, à savoir la capacité du peuple à intervenir sur les choix, c’est plutôt positif. Bon d’accord il a fallu sortir l’artillerie lourde, deux manif à plus d’un million de participants pour en arriver à bout de ce CPE mais le résultat est là. Et en poussant plus à fond, c’est la manière qui est encourageante. Ne nous y trompons pas, ce sont les jeunes qui ont fait basculer la mobilisation. Cette jeunesse que l’on disait gâtée, amorphe s’est révélée imaginative, teigneuse sur certains points mais étonnamment responsable et ça c’est une bonne nouvelle. C’est même LA bonne nouvelle en cette période. Celle qui nous permet d’espérer que le libéralisme avec sa kyrielle de mesures anti sociales rencontrera de plus en plus de mal à s’imposer dans notre pays.
Bon, c’est vrai, ne nous emballons pas la route sera longue avant de trouver un juste équilibre entre notre forte demande de protection et la nécessité de regarder le monde tel qu’il est. A savoir profondément déséquilibré mais largement à notre avantage.
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26/03/2006
une grande inquietude
La grande inquiétude des jeunes
Au delà du CPE, car soyons honnête, malgré toutes les bonnes raisons qui nous font combattre cette attaque au droit du travail, ce contrat n’est pas à lui seul de nature à mettre tous les jours des dizaines de millier de jeunes dans la rue. Au delà donc du CPE quel est le malaise dont souffre la jeunesse? La précarité est aujourd’hui un élément important mais il n’est pas le seul. La précarité n’est en effet pas nouvelle. De tous temps, sauf peut être pendant ces 50 dernières années, les guerres, les crises économiques, les épidémies ont maintenu les gens dans la précarité en matière d’emploi. Ce qui est nouveau c’est que la précarité se conjugue aujourd’hui avec un impératif de mobilité, c’est du moins ce que, au nom de la mondialisation, les économistes nous assènent à longueur de temps. Elle produit ainsi une inquiétude plus profonde et qui elle est bien nouvelle. Elle se traduit par une absence de visibilité affective. Cette visibilité qui est déterminante pour la mise en marche d’un projet, les jeunes ne l’ont plus. Six mois ici, douze mois ailleurs, le stress permanent d’un contrat à renouveler, pas le temps de s’arrêter, de rencontrer l’autre. Et pourtant pour se construire, pour fonder une famille, en assumer la responsabilité, il faut bien pouvoir s’arrêter.
Ce malaise est paradoxalement plus répandu chez les jeunes diplômés que chez les jeunes en formation professionnelle, du coup on retrouve aux concours de la fonction publique, IUFM, école d’infirmières… un nombre important de surdiplômés qui aspirent à une stabilité même si le prix à payer est un revenu inférieur.
En fait, notre société semble avoir oublié ce qui fait son fondement, sa pérennisation. Elle a oublié que les individus ne sont pas des marchandises. On ne les fabrique pas pour ensuite les transporter. Ils se construisent eux-mêmes. Ils ont besoin pour cela d’un espace protégé, de temps et de sécurité affective. C’est en cela que la crise profonde que nous connaissons aujourd’hui diffère de celle que nous avons connue en 1968. En ce temps là, la société revendiquait ce qu’elle n’avait pas, la liberté, celle de voyager, celle de vivre à pleine dent… On pourrait presque dire qu’aujourd’hui la jeunesse a vu, elle connaît. Elle recale ce qui lui est fondamental. Elle n’est pas blasée, elle est simplement raisonnable.
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