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03/01/2017

Une vision trop courte de la Cornouaille.

carte-cornouaille-epci.jpg                         Avec l’année 2016 s’en va  « Quimper communauté » pour faire  place à « Quimper Bretagne Occidentale ». La nouvelle  communauté d’agglomération va ainsi regrouper 17 communes et rassembler près de 100000 habitants.   Mariage de cœur, mariage de raison ? Comment faire la part des choses mais ce qui semble certain, c’est que sans l’injonction de l’Etat, par le biais du Préfet appliquant la loi Notre d'aout 2015, les fiancés  ne se seraient pas pressés d’officialiser leur attirance.

           Il y avait en effet obligation  pour Briec et sa communauté à rejoindre Quimper car la loi n’autorisait plus l’existence des structures à moins de 15000 habitants. Autant dire que Briec n’avait pas d’autres solutions, voilà pour la raison. Il serait cependant faux de dire que cette fusion soit due au  seul effet de la loi. Les deux communautés travaillent depuis un moment ensemble sur les grands axes de développement. Le SCOT de l’Odet a permis,  au-delà de ses aspects réglementaires, un dialogue entre les élus et a abouti à un schéma de cohérence pour le territoire. Il est d’ailleurs  regrettable que le Préfet n’ait pas profité de cette loi  pour mobiliser le pays Fouesnantais afin  rejoindre cette  nouvelle structure. Le véritable  bassin de vie de Quimper que regroupe le SCOT,  inclut bien évidemment cette partie maritime.  

               Ces nouveaux regroupements XXL,  de  plus en plus  importants en termes d’habitants  sont-ils la panacée ? La réponse n’est pas forcément évidente car elle dépend de ce que l’on y met en termes de compétences. Certaines semblent évidentes, le développement économique, les schémas routiers, les dispositifs d’accueil,  les politiques liées aux espace naturels… D’autres le sont sans doute moins. En effet,   doit-on  concevoir la politique sportive à l’échelle d’un vaste territoire quand on sait la proximité qui existe entre les clubs et les adjoints en charge des dossiers sportifs, idem pour les écoles primaires quand on sait la préoccupation des parents quant à l’accueil de leurs enfants. Il ne faut pas se le cacher, si les regroupements permettent des économies d’échelle, ils participent aussi à l’éloignement des prises de décisions. Ce qui occasionne sans doute  une forme de dépolitisation et le renforcement du pouvoir des services administratifs et techniques. Il n’est pas loin, le temps ou les élus vont devoir  s’interroger sur leur rôle ou plutôt sur ce qui va leur rester quand toutes les compétences qui gèrent la vie des habitants seront transférées au sein d’une grande communauté.

                  La logique de la loi aurait donc dû inciter  le législateur à aller plus loin et à imposer le suffrage universel pour la désignation des conseillers communautaires. On retrouvait ainsi une logique de rapport direct entre celui qui est amené à gérer une compétence et le citoyen qui a participé à son élection.

             On fait par ailleurs souvent la distinction entre le fond et la forme. Et pourtant il me semble que l’un ne va pas sans l’autre.  Le nom « Quimper Bretagne Occidentale » indique clairement que dans le fond  la Cornouaille disparaît. Il s’agit là, à mon sens,  d’une erreur stratégique qui est loin d’être anodine. Ne pas chercher à rassembler la Cornouaille, c’est en fait accepter que chacun « tire » dans son coin et c’est  se priver d’une dynamique indispensable pour un territoire tiraillé entre Brest  et le pôle Lorient/ Vannes   adossé à Rennes. La dynamique à l’ouest de la Bretagne existe mais peine à se faire reconnaître. La Cornouaille doit donc s’affirmer pour peser et négocier  un partenariat  avec Brest  Métropole dans le but de créer  une attirance à l’Ouest. A défaut, la sanction risque d’être sévère et il suffit de regarder les évolutions de populations pour remarquer combien Rennes focalise l’attention et l’attractivité de la Bretagne.

               Il reste à espérer que cette forme d’agglomération ne soit qu’une étape vers une entité plus large, chère à Lucien le Cam *, englobant le pays Fouesnantais pour un cœur de Cornouaille aux compétences essentielles au développement de la Cornouaille.

BLOAVEZH MAT 2017 !  (écriture unifiée du breton)

*Lucien a été Président de l'IUT de Quimper, géographe il était passionné de territoire. J'ai eu l'occasion de travailler avec lui et d'apprécier ses compétences,  dans le cadre de la mise en place du "contrat de rivière de l'Odet". Ce texte est aussi une forme d'hommage à ses qualités de visionnaire ainsi qu' à sa  pugnacité. 

                                                                                                  

26/12/2016

Une ville sans voitures... un conte de Noel?

vert.jpg           En lisant la presse de jeudi 22 décembr, j’y ai trouvé un joli conte de Noel… Ludovic Jolivet Maire de Quimper, sans doute  emporté par le lyrisme du moment annonce à une assemblée d’architectes  de notaires, de promoteurs immobiliers mais pas de commerçants … «  Nous n’ouvrirons  pas  le centre-ville à la voiture »  et il poursuit «  dénonçant le comportement des automobilistes qui s’estiment  tout permis ».  Du coup, Je me suis pris à rêver… un centre-ville sans voitures,  avec  juste celles qui seraient autorisées pour raison de service. Des gens qui laisseraient leurs automobiles  sur des parcs extérieurs et  qui marcheraient tranquilles  avec  des enfants libres de passer d’un coté à l’autre de la chaussée. Des badauds qui traîneraient devant les vitrines des magasins qui prendraient le temps d’en apprécier les décorations. Une ville qui ne sentirait ni l’essence ni le gasoil…   revenant au journal j’ai continué à lire l’article  et j’y ai trouvé «  nous sommes devenus écolos.. » et là… je me suis dit, c’est trop fort, il veut nous faire croire au père Noel. Le truc que l’on dit  aux enfants quand ils sont tout p’tits pour les faire rester sages tout le mois de décembre.

           Alors monsieur le Maire, il était pourtant bien votre conte de Noel. Il nous donnait envie de  déambuler en ville, de  goûter aux illuminations, de faire du lèche   vitrines mais quand le père Noel sera passé que restera-t-il de vos paroles  fortes et tellement inhabituelles, comme ils l'ont dit dans le journal. Allez-vous prendre les mesures  qui rendent vivantes ces promesses. Allez-vous, tout simplement faire appliquer le règlement qui dit  que le stationnement n’est pas autorisé dans le centre de la cité…  c’est  d’ailleurs bien marqué sur les panneaux, je l’ai vérifié. Ou allez-vous continuer à laisser tout un chacun, contre un simple ticket, baisser l’obstacle et passer les bornes.

           Joyeuses fêtes a toutes et tous,  bonne année 2017 et allez savoir… si cela se trouve, ce n’était même pas un conte, peut-être qu’il va le faire Monsieur le Maire…rendre le centre-ville aux piétons.

21/12/2016

Ne pas faire leur jeu !

 Michelle Serres (philosophe)

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Beaucoup d'émotion.

             Horreur, à Berlin cette fois-ci. En plein marché de Noel et les commentaires vont bon train « c’est noël, un symbole de la chrétienté qui est frappé.. » C'était le 14 juillet à Nice « un symbole de la république » et demain ce sera peut-être un concert, un match de foot « un symbole de nos loisirs.. » En fait, ceux qui frappent le font là où il y a du monde. Ils ne sont vraisemblablement pas à un symbole près. Les Islamistes ont revendiqué l’attentat mais qu’en sait-on véritablement. Aux abois en Irak en Syrie, ils revendiquent tout ce qui de près ou de loin sème la terreur, ne serait-ce que pour prouver leur existence. Faut-il dès lors, au vu de ces attentats bien réels et de la légitime émotion qu'ils suscite et  quels qu’en soient leurs instigateurs, céder à la panique et réclamer comme le fait la droite extrême, des mesures de sécurité renforcées. Jusqu’ici les Allemands restaient relativement sereins mais Angela Merkel saura-t-elle résister à ses faucons qui critiquent, avant de connaitre l’identité de l’assassin, les mesures clémentes en faveur des immigrés. Rien n’est moins sûr. Si c’était le cas, après avoir perdu la branche la plus à droite de la CDU, justement à cause des « mesures clémentes » elle risquerait de perdre les plus tolérants qui ont approuvé sa politique en faveur des immigrés.

 Savoir garder sa raison.
          La France fouille les sacs à l’entrée des lieux de rassemblement, fait rouler les épaules à ses militaires sur les lieux publics. Y a-t-il pour autant plus de sécurité? Un terroriste aura toujours l’avantage sur la sécurité. Il décide du lieu et de l’heure. A part le renseignement, il est difficile d’imaginer un rempart contre ces assassins. En fait, cette présence rassure tout simplement les populations et permet de dire « on fait quelque chose de visible ».
           Michel Serres battait en brèche ce soir l’idée répendue comme quoi le monde sombrait dans la folie. Il faisait remarquer que ce monde n’avait jamais connu une aussi longue période de paix que depuis ces dernières 70 années. Il disait aussi que si depuis le 11 septembre le nombre de victimes soldats ou civils occidentaux s’élève à 14000, le seul embargo sur l’Irak en a fait mourir plus de 100000. C’est vrai que les images que nous recevons tous les jours agissent comme des coups de matraque répétitifs mais la réalité statistique est tout autre. Une raison pour le philosophe d’être optimiste.
 
les extrémistes récupèrent  la misère .
           En fait, et même si c’est sordide de le dire il faut bien l’avouer, les zones d’influence territoriales des grandes puissances à l’échelle du monde sont relativement stabilisées. Les conflits armés cèdent maintenant la place aux enjeux économiques. Ce qui se passe en Syrie à Alep est atroce, nous sommes pourtant loin des 20 millions de victimes de la première guerre mondiale ou des 60 de la deuxième. Alors effectivement avec Michel Serre, on peut dire que d’un point de vue quantitatif les choses s’améliorent mais on pouvait également espérer que cet état de paix, que nous connaissons en occident, profite à l’ensemble de la planète. Or ceci est moins sûr et le déséquilibre entre les richesses des uns et des autres alimente une autre forme de rancœur sur laquelle surfent les religions. Le terrorisme étant l’arme des pauvres qui n’ont rien à perdre, la peur étant la faiblesse des nantis qui eux ont tout à perdre, il est à craindre que l’ambiance qui règne en ce moment en arrive à détruire ce qui fait notre humanité, à savoir, l’envie de vivre ensemble.