15/05/2017
Juste indécent!
Un nouveau, « jeune » Président de La République vient de s’installer à l’Elysée. Un ancien Président quitte son poste « le roi s’en va …vive le roi » disait-on à une époque. Une personne rencontrée dans la rue me confiait l’autre jour vouloir voter pour …Marine Le Pen. Pas plus facho que cela la dame mais un argument béton : « E Macron est jeune (39 ans), il va falloir lui payer une très longue retraite quand il va quitter son poste.. ». Surpris par l’argument, je suis allé sur le site du Point qui relate les calculs faits par René Dosière député PS. J’avoue être " tombé de l'armoire". Le Président sortant quittera sa fonction avec une pension de l’ordre de 15000 euros. Il cumulera en effet l’indemnité de Président (5184 euros), celle d’ex-député (6208 euros), celle d’ancien conseiller à la cour des comptes (3473 euros) et pour terminer celle de Président du conseil général de Corrèze, une bagatelle celle-là… (235 euros).
Rien d’illégal la dedans, tout juste une question de mesure. Par comparaison, un prof agrégé qui a lui aussi aura fait des hautes études, part en retraite avec une pension entre 4000 et 5000 euros. Ce qui serait tout à fait acceptable, pour un ex-Président de La République, qui certes a beaucoup travaillé, qui de fait a le droit à un repos bien mérité. Donc exit le cumul des indemnités.
Ou cela devient simplement scandaleux, c’est qu'au delà des indemnités, ce nouveau retraité va bénéficier, en plein Paris, d’un appartement de fonction meublé et équipé. Il disposera en plus de deux personnes affectées directement à son service, sans doute pour lui faire son ménage et cuire ses œufs sur le plat. Pour ses déplacements, il roulera en voiture de fonction. Il ne conduira pas puisqu’il aura deux chauffeurs à sa disposition ainsi qu’un dispositif assurant sa sécurité. Pour son courrier, ses mails, ses tweeds…. 7 personnes (des collaborateurs) veilleront à ce qu’il n’ait pas de crampes au poignet. Petit bémol cette facilité ne durera que 3 ou 5 ans, après il devra faire son courrier tout seul, comme tout le monde, car il ne disposera plus que d’un seul collaborateur.
Je ne fais pas une fixation sur Le Président sortant, surtout qu’il a décidé de faire l’impasse sur une indemnité de 14000 euros, qu’il aurait pu encaisser en siégeant au Conseil Constitutionnel. Je sais que les deux autres anciens Présidents encore en vie, profitent de manière encore plus honteuse des largesses de l’Etat. Je veux juste dire au nouveau Président que tout ceci est insupportable et que si ramener le train de vie des anciens Présidents de la République à des proportions acceptables, ne va pas réduire le déficit national, il y a ici un acte symbolique à faire. La crise morale qui traverse la société se nourrit de ce genre d’injustice. Le minimum vieillesse est à 800 euros et elles sont près de 500 000 personnes à en vivre. Je ne parle même pas des « minima sociaux » que touchent près de 4 millions de nos concitoyens Alors oui, cette injustice honteuse fait le lit du Marine Le Pen et de ses acolytes.
Le Nouveau Président a fait de la moralisation de la vie politique l’une de ses priorités. Il a ici un cas d’école très simple à traiter. Obligation pour les élus à choisir une des indemnités auxquelles ils ont droit. Et accepter qu’un Député, qu’un Président de La République à la retraite devient de fait un homme une femme comme tout le monde et que rien ne justifie un traitement particulier. Ses besoins sont les besoins de tout un chacun. Si la collectivité lui doit la reconnaissance du travail accompli dans le cadre de sa fonction. Il apparaitra en tant que tel dans les livres d’histoire mais elle ne lui doit rien en termes de service à sa personne.
On dit que c’est au pied du mur que l’on voit le maçon (oui je sais, la blague est facile !) alors avec les Français, j’ai hâte d'entendre E Macron dans son projet de moralisation de la vie politique. Ira t il jusqu’à mettre fin à ses propres privilèges de futur retraité?
11:46 | Lien permanent | Commentaires (2)
09/05/2017
Comme un clin d’œil a la France.
Il y a un an, la droite française avait, semble-t-il misé sur le bon cheval. François Fillon apparaissait presque comme un homme neuf entre Sarkozy et Juppé. La gauche engluée dans ses querelles de chefs se disqualifiait chaque jour un peu plus. Et pour comble, le Président en titre, pour des raisons qui m’échappent encore aujourd’hui, jetait l’éponge. Emmanuel Macron n’existait pas, ou à peine. Le scénario était donc joué et cette victoire ne pouvait échapper à la droite.
Et puis tout est allé de travers. « Le canard enchainé » égrène semaine après semaine des faits qui disqualifient le champion de la droite. Celui-ci bloqué dans ses certitudes refuse de passer la main et le scénario se transforme. E Macron, sans forcer son talent, profite du discrédit du candidat de la droite pour avancer son pion. Il profite de la même manière de la guerre fratricide que déclenche la primaire chez les socialistes et le voilà propulsé, contre toute attente, en tête des sondages. Depuis dimanche soir le voici futur Président de la République. C’est tout simplement incroyable. Aucun scénariste n’aurait pu imaginer une telle succession d’évènements et une telle issue.
Comme le scénario était imprévisible, soyons maintenant prudent dans nos tentations à prédire l’avenir. Il nous reste alors juste à émettre des souhaits.
Pour ma part j’espère que la jeunesse du nouveau Président ainsi que son absence d’histoire politique lui permettront de sortir des schémas classiques. Je n’ai pas entendu de sa part, jusqu’à présent, un discours de projet, l’énoncée d’une vision dans laquelle il inscrirait son action. Mais je lui fais grâce de ce manquement car on n’obtient pas l’adhésion d’une majorité en bousculant violemment les codes de notre société. B Hamon en a fait les frais à ses dépens. Notre pays est conservateur, il est même profondément conservateur. Les changements trop marqués lui font peur. E Macron a fait preuve de beaucoup de talent pour gagner cette élection. Il va maintenant devoir agir avec doigté mais aussi avec conviction. Il est jeune, il a de l’audace, il est intelligent. Il lui restera à faire preuve de volonté pour s’éloigner des sentiers battus et des sempiternelles recettes qui bout à bout ne constituent pas un programme, juste une machine à désespérer. Il a une chance inouïe, celle de ne pas être redevable de son élection à quelque parti que ce soit. Il peut donc surprendre et s’il sait bien s’entourer, il peut, si ce n’est fait, comprendre les enjeux fondamentaux de notre planète. La France est certes un petit pays, qui pèse peu dans la production mondiale mais la voix de la France dépasse largement sont poids économique. E Macron aura donc une responsabilité particulière quant à l’avenir de la planète. Entre Trump et Poutine le monde a envie, a besoin d’une voix subtile et intelligente.
Alors je souhaite vraiment qu’Emmanuel Macron soit cette voix qui nous sorte de nos préoccupations individuelles, locales pour donner au monde de raisons d’espérer.
14:23 | Lien permanent | Commentaires (2)
02/05/2017
non, le choix n'est pas entre la peste et le choléra..
C’était une bien belle occasion, que ce premier mai pour montrer un vrai front barrage contre l’extrême droite… mais les logiques d’appareils, les égos surdimensionnés l’ont une fois de plus, emportés. A Quimper comme dans beaucoup de villes, la division a fait son travail de sape. Un cortège s’est constitué "cahin caha" à Penhars sous la bannière de la CFDT, un autre coloré par les drapeaux rouges de la CGT, arc en ciel du syndicat FSU s’est rassemblé place de la résistance et les anars de la CNT en rouge et noir, Stendhal oblige, ont pris un départ devant la médiathèque. Vers 11h la CNT a rejoint la CGT pour un défilé dans la ville. Etonnant défilé ou chacun a pris sa place en fonction de son point de vue. En queue de cortège le slogan était clair comme en écho à JL Mélenchon « ni Le Pen ni Macron… ». En tête de cortège les mots d’ordre de la CGT apparaissaient plus disciplinés « tous contre Le Pen… » et au milieu de la manif les échanges étaient plutôt sereins, controversés, comme il se doit et majoritairement résignés à voter Macron pour faire barrage à Le Pen. Au-delà de la fête du travail c'était bien la journée de dimanche prochain qui était au cœur des préoccupations.
Le vote blanc fait le jeu de M Le Pen.
je ne comprends pas tous ces militants avec qui j’ai manifesté depuis des années systématiquement contre le FN. Je ne comprends pas leur intention de voter blanc. Je ne leur fais bien évidemment pas un procès de tolérance par rapport à l’extrême droite, ce serait parfaitement injuste et insultant. Mais je les appelle à bien peser leur intention de voter blanc. JL Mélenchon a fait une belle campagne de premier tour. Il se vautre maintenant lamentablement dans cet entre-deux tours. Refuser de choisir c’est faire le choix de Ponce Pilate « Ego manibus lavabit » « débrouillez-vous…je m’en lave les mains.»
En fait de paradoxe, pour une bonne partie des promoteurs du vote blanc, les dés sont déjà jetés et Macron va l’emporter. En fait ils comptent, les supporters de Macron issus de droite comme de gauche qui voient dans ce candidat, le sauveur de l’Europe, de la croissance , de l’emploi… mais ils comptent aussi, sans trop le dire, sur ces cohortes de gens qui comme moi ne croient pas aux solutions de Macron mais qui considèrent que si Le Pen c’est la peste, Macron n’est pas le choléra. Ces cohortes vont voter Macron, conscientes que le combat des 5 années sera permanent mais au moins ce combat sera possible. Avec Le Pen, c’est le fascisme qui va régner et le fascisme a toujours été ennemi de la liberté d’expression. Le premier mai ne serait plus le jour des travailleurs mais une commémoration nationaliste de Jeanne d’Arc.
Voter E Macron pour continuer à lutter.
Alors camarades de la gauche radicale, ne vous laissez pas à penser que notre vote soit une adhésion au projet de Macron. Il sera, croyez-le, le choix du combat, le choix de la liberté. La liberté de nous opposer et de manifester s'il le faut et il le faudra. François Ruffin (merci patron) s’est très bien exprimé sur ce sujet lors du dernier « envoyé spécial ». Il votera Macron pour pouvoir encore descendre dans la rue, manifester contre le pouvoir de la finance, contre toutes les atteintes aux libertés…
En 2002 quand JM Le Pen s’est retrouvé qualifié pour le second tour, des milliers de voix se sont élevées, des millions de personnes sont descendues dans la rue. En 2017 sa fille se retrouve dans la même position. L’impuissance des politiques à modifier le réel, l’addition des promesses non tenues, la cupidité de certains élus de droite comme de gauche en sont les causes. Personne ou presque ne bouge. Comme si le peuple français avait fini par s’y faire, avait fini par s'habituer à l'idée que le Front National fait maintenant partie du paysage. Sur les antennes le glissement a eu lieu on ne parle plus ou peu, de l’extrême droite mais d’une droite radicale quand ce n'est pas de droite tout court. Quel que soit le résultat des urnes dimanche prochain, le grand vainqueur de cette élection sera incontestablement le Front National tant il a réussi à occuper le débat et à focaliser l’attention. Il restera à l’autre vainqueur, que je souhaite être Emanuel Macron , une lourde tâche pour ces 5 prochaines années à l’Elysée : « redonner confiance aux gens dans la politique » et pour y arriver il faudra vraiment changer les comportements des élus.
15:46 | Lien permanent | Commentaires (3)